09/10/2004
Ivresse d’étoiles
La nuit est pure. Le silence ne s’apprécie que par les crissements de quelques grillons. La vibration de ton cœur est ici supérieure à celle de la rumeur urbaine. Ton cœur commande, l’attention augmente. Tu plonges ta vue dans les étoiles. Ecran noir profond, l’espace est immense et le temps lumière ne suffirait pas à le mesurer. La voie lactée se détache finement comme une un halo en lévitation entre la surface de l’océan et les fonds obscurs. L’imagination s’envole, le corps baigné de calme, tu saisis l’air d’une brise propice à l’évasion. La beauté est là, à côté de toi. L’infini t’a déjà désarmé et l’intuition de la mort, de la vie, des questions sans fin te suffit. Pourquoi comprendre ? Et comprendre quoi ? Ta vision est elle aussi déjà morte, virtuellement vivante, captive du temps et de la lumière. Vie, mort, mécanique relative, on s'en fout !
Tu es là ce soir face à l’espace et la beauté du moment n’en finit pas de t’émouvoir. Ces secondes sont précieuses, elles n’appartiennent qu’à toi..
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23/09/2004
Herbe bleue
Sur le plateau des gras, la végétation sait ce qu’elle doit à ses gènes. Des siècles de travail, de résistance et de privation n’ont pourtant pas entamés la finesse des contours et des couleurs. Les colons à graines et pistils appartiennent à deux catégories : les saisonniers nomades et les sédentaires. Mais pour les deux, il faut déjà se sortir du caillou poreux et calcaire pour trouver une rare poche de terre. Cette terre aux granules marrons très caractéristiques se défend elle aussi et l’osmose avec le végétal est souvent éphémère dans la garrigue cévenole.
Dans ces conditions, le chêne apparaît comme un roi. Ses racines sont puissantes ; son tronc ridé semble en témoigner. Quand il jaunit à son tour, la vie est aux abois. Les saisonniers succombent alors aux assauts de ce millésime climatique peu clément. Le chêne vacille, la vie quitte même les orchidées sauvages, tout semble brûlé, asséché..
Mais les rares sous-bois semblent encore verts par endroit, enfin plutôt bleutés, indigo. Etrange végétal que cette herbe du plateau que je ne retrouve qu’ici, bleue, élégante et fraîche dans cette fournaise estivale. Elle passe bien sûr complètement inaperçue des consommateurs d’ « espaces vacances » sur catalogue. L’auraient-ils vu, qu’elle ne les intéresserait pas plus..
J’aime sincèrement cette modeste et mystérieuse herbe bleue.
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09/09/2004
Lumières du plateau des gras
La luminosité du plateau des gras de Naves est souvent saisissante.
J'ai vu peu d'endroits qui offrent à l'oeil une impression aussi pure. L'air semble ne plus avoir d'épaisseur, de lourdeur. La distance ne persiste que par l’échelle des choses. Le soir au soleil tombant, le phénomène est frappant. A tel point que l’on ne sait plus vraiment si le souvenir appelé en référence est celui d’un matin exceptionnel ou d’une belle après-midi d’hiver sec et froid. Aujourd’hui, il fait bon, l’air est pur et subtil, la vision est particulièrement profonde. Je me dis que la vie est intense et pourtant il ne se passe rien. Je respire à fond et lance un regard panoramique. La pierre calcaire des maisons du plateau se détache au milieu des chênes. Les toits mêmes très loin parsèment d’un rouge dépoli le relief vallonné. On ne cherche pas le « Mont Blanc » ici mais plutôt un chemin, un voisin, une ruine. L’horizon, c’est pour les amoureux, les fous ou les blasés urbains. Ici, le paysage a un sens, la vie une dimension dans son espace naturel.
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08/08/2004
La pluie
Lorsque la chaleur est trop lourde, après trois semaines de soleil désertique, la pluie est une délivrance. Elle crève le ciel et vient battre le sol poussiéreux. En goutte à goutte d'abord, précédée par les grondements d'altitude et les éclairs violents. En rafales frénétiques ensuite en inondant la croutte d'une terre devenue imperméable.
Les senteurs se libèrent doucement puis abondamment. Le sol et la nature qu'il nourrit se libèrent. Il faut prendre le temps de sentir leur transpiration merveilleuse. Ces odeurs sont fortes, pures comme la lumière du plateau des gras après l'orage, et comme elle, l'empreinte de ce morceau de terre. Herbes sauvages, terre, feuilles et mousses, sous-sol calcaires, ce mariage appelle vos sens à l'écoute et à l'ivresse.
Les pores minérales et végétales s'ouvrent à la vie, à la survie. Une vague de mousson s'abat sur une garrigue mal préparée à ce festin soudain, et l'on se sent simplement très bien dans cette fraicheur chaude.
Les rivières sous-terraines se gonflent pour exploser bruillament à flanc de falaise. Quelques batraciens ranimés s'activent.
L'été est toujours là et la pluie est une fête pour tous les organismes. Le gris du ciel est devenu espoir et joie ; la pluie, notre bonheur !
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01/08/2004
Une chaleur torride
Nous voilà au coeur de l'été, sec, bruyant et clair. Brut et sauvage en somme ; merveilleusement brut et sauvage.
Brut d'une chaleur écrasante, des chants effrénés et assourdissants des cigales amoureuses, d'un bleu du ciel aussi clair que l'eau rare des rivières ardéchoises avec leurs silhouettes calcaires tortueuses.
Belle car agréablement hostile, la nature cévenole donne répis en fin de journée pour ce qui pourrait être une seconde après-midi, plus humaine, de 18 à 21H00, au soleil sombrant.
Le sol dégage sa chaleur tel un four immense, un sol volcanique envahit de guarrigue, les cigales s'endorment doucement, l'eau devient rafraichissante. Le calme et une autre vie s'installent. Un grillon semble prendre le relais d'une cigale, mais par instant le silence est tel que l'on se croirait en apesanteur, hors du monde moderne. Quel luxe plus ultime aujourd'hui que de s'extraire de l'attraction du monde industriel, de sa pollution intrinsèque, de sa pollution inhumaine au service de bonheurs humains calibrés.
Ici, sur ce morceau de terre originelle, ce plateau que le Petit Prince eu aimé, seul le coeur du temps et du vent battent. Pour le capter, il suffit d'écouter, de sonder l'ennui, celui qui ne connait pas l'insatisfaction intrinsèque de l'achat et de l'appartenance.
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24/07/2004
Les Vans en Ardèche : un paradis de nature
Si vous êtes déjà passé aux Vans, seuls vos souvenirs peuvent exprimer aujourd'hui toute la sensibilité que chaque amoureux du pays des Vans associe à ces espaces, senteurs, maisons, rivières,..
Je suis imprégné par ce pays que je connais depuis mes premiers jours et que je ne quitterai jamais de l'esprit. Tous ces lieux sont chargés d'un peu de nous même, par le respect que nous accordons à cette nature sobre et généreuse à la fois.
Ce que j'aime aux vans c'est la pureté de la lumière, l'odeur si particulière de l'air, la nature sèche et les chaos calcaires... des impressions d'un bonheur simple et intense.
Je me dis avec tout cela que si l'on aime sincèrement ce pays, on ne peut pas être foncièrement mauvais car l'équilibre est ici presque parfait.
Bienvenue au pays des Vans : www.LesVans.com
Retrouvez d'autres amoureux du pays des Vans sur son forum : http://forum.lesvans.com
Bien à vous,
Luc BRETONES
17:20 Publié dans Délires perso | Lien permanent | Commentaires (2)